Traverser la Méditerranée... dans l'autre sens
Des immigrés clandestins espagnols ont été interceptés à la mi-avril sur la côte algérienne. Le quotidien libanais L'Orient-Le Jour imagine la discussion des gardes-côtes algériens qui ont procédé à leur arrestation.
11.05.2012 | Emilie Sueur | L'Orient-Le Jour
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L'ORIENT-LE JOUR
L'article original (en français).
FICHES PAYS
Algérie
CONTEXTE
"L'information est de taille et ne passe pas inaperçue puisqu'il s'agit de harragas... espagnols qui ont été récemment appréhendés par les gardes-côtes algériens de la façade maritime ouest. La crise économique mondiale qui frappe de plein fouet l'Espagne a poussé quatre jeunes espagnols de chercher du travail sur les terres africaines. C'est sur une embarcation qu'ils ont été interceptés alors qu'ils tentaient de fouler le sol algérien. Ces jeunes ont été attirés par les débouchés de travail compte tenu de la présence à Oran de nombreuses sociétés espagnoles. [Ils] avaient perdu leur travail dans leurs sociétés en faillite et avaient introduit une demande (infructueuse) de visas d'entrée en Algérie.", relate le quotidien algérien Liberté dans son édition daté du 17 avril 2012.
Hassan et Omar, gardes-côtes algériens, en patrouille en mer sur la façade maritime Ouest.
HASSAN : Dis-moi Omar, comment se porte ton frère à Saint-Denis ?
OMAR : Ça va. Il est content que Sarkozy fasse ses valises. Il commençait à en avoir marre d'être l'extrémiste, le terroriste, le mangeur de halal et le prieur de rue de service.
— Ouais... Je ne sais pas si Hollande va changer grand-chose. Et puis il y a la grande blonde, la fille de son père, celle qui a un nom bleu...
— Marine ? Pas bon Marine effectivement.
— Omar, passe-moi les jumelles.
Omar passe les jumelles à Hassan.
HASSAN : Encore des harragas [migrants clandestins originaires de l'Afrique du Nord, ou littéralement ceux qui "brûlent" (sous-entendu leurs papiers)].
OMAR : Combien sur la barque ?
— Quatre.
— C'est peu ça pour des harragas. C'est du voyage intime.
— Attends, mais elle ne va pas dans le bon sens la barque...
— Comment ça, elle ne va pas dans le bon sens ?
— Bah oui, ils reviennent au pays au lieu d'aller vers l'Europe. Ils ont oublié d'embrasser leur mère avant de partir ou quoi ?
— Passe-moi les jumelles !
Hassan lui donne les jumelles.
OMAR : Mais tu as raison, ils viennent vers nous. Et qu'est-ce qu'on fait dans ce cas-là ? Moi je sais gérer les départs, pas les arrivées.
HASSAN : Appelle Bachir !
Omar appelle Bachir, le chef des gardes-côtes algériens.
OMAR : M. Bachir, c'est Omar, garde-côte sur la façade Ouest. Salamaleik.
BACHIR : Salam Omar.
— Comment ça va ?
— Ça va.
— La famille, ça va ?
— Ça va.
— Et la santé, ça va ?
— La santé, ça va aussi.
— Bachir, on a un petit problème ici avec des harragas.
— Depuis quand les harragas sont un problème ? Tu fermes les yeux et ça passe.
— Oui, mais là, ils viennent chez nous.
BACHIR : Comment ça : "Ils viennent chez nous" ? La définition du harraga, c'est le Maghrébin qui part. Le Maghrébin qui revient, c'est soit un fils de responsable au bord de la retraite, soit un vieux, soit un fou, mais pas un harraga.
OMAR : Oui, mais là on a quatre types sur un bateau, ils ont pas l'air frais, et ils viennent vers nous.
— Omar, ne te fous pas de moi.
— Wallahi [par Dieu], on a quatre types dans une barque qui viennent vers nous !
Hassan hoche la tête, alors que la vedette des gardes-côtes rejoint la barque.هذا مقطع وجده وانا اتصفح الانترنيت يجمع بين الضحك والحقيقة التي لم اصدقها حتى الان